C’est sur la Côte-des-Bois, ce tracé de terres hospitalières, se dessinant linéaire et majestueuse, suivant les contours des magnifiques montagnes des Appalaches, que j’ai marché maintes fois heureux et insouciant. D’un bout à l’autre, habité par les chaleureuses maisons des gens de ma famille, ce chemin Taché-Ouest, enraciné dans mon sang comme dans mon cœur, il a fait partie intégrante de qui je suis. Cet endroit a meublé ma mémoire des plus beaux souvenirs que l’on puisse imaginer !
La sueur de la besogne s’écoulant comme de l’or, marquant mon corps de force et de résistance, insufflant le respect à nos pères qui ont piochés ardemment des terres, bûchant le bois pour bâtir des foyers, sur des montagnes fertiles mais où l’on doit cependant inlassablement ramasser des roches, comme un manège inlassable que nous répétions chaque année, après le passage de l’hiver. Pareil à ramasser et se confondant au patates, irritant de reculons nos mains devenues fortes, musclant tout notre corps par les corvées toutes simples où naissait nombres de chansons et toutes sortes d’histoires et contes, parlant et chantant la liberté, j’étais un petit roi à la table débordante de manger succulent préparer avec amour par ma tante Alida, tapant du pied avec mon oncle Irénée Bois sur les » tounes » de mon oncle Robert Bois. J’ai appris ainsi notre folklore et notre histoire, la fierté d’un peuple fier et beau, généreux d’amour et de gaieté, la Côte-des-Bois ou j’ai existé, enfant heureux empreint d’espoir et de liberté, j’étais un petit roi et je ne le savais pas ! On voyait même Ti-Ness au rang Taché, fouillant les fossés, marchant de miles en miles. On lui offrait une bière volontiers, c’était le personnage qui faisait le ménage après notre passage, où insouciant de l’époque, on roulait en fou, semant des bouteilles vides qu’on savait qu’il aurait la décence de ramasser pour nous ! Je me souviens et cette mémoire est précieuse comme un diamant pour moi !